Une prédication pour le premier dimanche de la carême:
Matthieu 3:13-4:11
Alors paraît
Jésus, venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour se
faire baptiser par lui. Jean voulut s’y opposer : « C’est moi,
disait-il, qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi
qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire
maintenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute
justice. » Alors, il le laisse faire. Dès qu’il fut baptisé,
Jésus sortit de l’eau. Voici que les cieux s’ouvrirent et il vit
l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et
voici qu’une voix venant des cieux disait : « Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. »
Ensuite Jésus
fut conduit par l’Esprit au désert, pour être mis à l'épreuve
par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits,
il finit par avoir faim. Celui qui met à l'épreuve s’approcha et
lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres
deviennent des pains. » Mais il répliqua : « Il est écrit : Ce
n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute
parole sortant de la bouche de Dieu. » Alors le diable l’emmène
dans la Ville Sainte, le place sur le faîte du temple et lui dit : «
Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il
donnera pour toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur
leurs mains pour t’éviter de heurter du pied quelque pierre. »
Jésus lui dit : « Il est aussi écrit : Tu ne mettras pas à
l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Le diable l’emmène encore
sur une très haute montagne ; il lui montre tous les royaumes du
monde avec leur gloire et lui dit : « Tout cela je te le donnerai,
si tu te prosternes et m’adores. » Alors Jésus lui dit : «
Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Le Seigneur ton Dieu tu
adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. » Alors le
diable le laisse, et voici que des anges s’approchèrent, et ils le
servaient.
Ce matin, je nous invite à explorer ensemble une
histoire ou Jésus est mis à l'épreuve, est invité à répondre à
une série de défis.
Cet événement
est raconté trois fois, par Mathieu, Marc et Luc, chacun à sa
manière. Donc 3 de 4 évangélistes l'ont considéré comme
suffisamment important à inclure, quand ils faisait le tri de ce
qu'ils allait raconter et ce qu'ils allait mettre de coté.
Jésus est
conduit par l’Esprit au désert, pour être mis à l'épreuve par
le diable. Evenément important, raconté, chacun à sa manière,
par Mathieu, Marc et Luc. Et en le racontant, à sa manière, Mathieu
nous donne accès à un "cours de maître" de la part de
Jésus sur la vie en tant que chrétiens. Et nous en avons besoin,
car après tout, ce n'est pas le jour ou l'épreuve arrive qu'il faut
se mettre à entraîner pour y faire face. Comme pour le sport, ceux
qui vont participer à un grand match, un grand événement, se
mettent à s'entraîner bien en avance.
Parce ce que
Jésus prend bien un temps d’entraînement en avance. 40 jours et
40 nuits de jeûne dans le désert.
Il y a bien
sur des résonances avec l'histoire du peuple d’Israël. Nous
pouvons penser aux 40 jours et nuits passés par Moïse sur la
montagne, aux 40 jours pendant lesquels Élie a marché, épuisé
après sa confrontation avec les prophètes de Baal. Et aux 40 années
passées par le peuple dans le désert suite à leur incapacité de
prendre Dieu à sa parole et rentrer dans la terre promise. Et à
chaque fois, il s'agit d'un temps de préparation. Et donc pour Jésus
ce temps à part est aussi donc à comprendre comme un temps de
préparation. Temps de préparation pour son ministère publique et
temps de préparation pour les épreuves qui vont venir. Et pendant
ce temps, nous apprenons que Jésus a jeûné.
Alors, je me
trompe peut-être, car après 20 ans en France je n'ai pas la
prétention de connaître tous qu'il y a à savoir sur les français,
mais il me semble que le jeûne n'est pas très naturelle pour vous.
L'histoire d'amour entre les français et la nourriture est peut-être
trop "fusionnelle" pour cela, donc il sera facile de faire
un contre-sens et de penser que le diable aurait attendu un moment de
faiblesse, provoqué par le faim, pour s'attaquer à Jésus. Mais ça
sera oublié qui maîtrise la situation ici.
C'est
l'Esprit qui a conduit Jésus dans ce désert, c'est Dieu qui
maîtrise entièrement la situation. Après 40 jours de jeûne,
physiquement, Jésus a faim, mais spirituellement il est au top. Et
au moment prévu, quand il est prêt, Dieu permet à ce que cette
confrontation aie lieu.
Et les deux
premiers défis vont commencer avec la question de son identité:
« Si tu es le Fils de Dieu... »
Jésus vient
de recevoir l'affirmation de son identité en tant que Fils de Dieu à
son baptême. Il a vu l'Esprit de Dieu venir se poser sur lui, et
tout le monde a entendu cette voix qui déclare:
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. »
Voix qui
affirme donc son identité en tant que Fils de son Père. Fils aimé.
Fils dont l'existance même donne plaisir.
De la même
manière, nous aussi, lors de notre baptême, nous avons été
déclaré publiquement comme enfant bien aimé de notre Père.
Mais
qu'est-ce que cela veut dire être Fils de Dieu ? Pour nous, comme
pour Jésus, c'est une chose d'entendre des paroles, mais c'est autre
chose de les intégrer au plus profonde de nous, et de vivre en
conséquences tous les jours de nos vies. Comment Jésus va-t-il
vivre cet identité ? Comment nous pouvons-nous le vivre ?
Premier défi
donc:
« Si tu es
le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Alors, il
faut faire un peu attention ici. Le diable – "celui qui met à
l'épreuve" pour prendre littéralement le texte grec ici –
n'est pas en train d'essayer de persuader à Jésus de faire quelque
chose d'illicite ou d'interdit, de voler ou tuer quelqu'un. Il
n'essaie même pas de le tenter de manger trop de sucré plutôt que
ses 5 fruits et légumes par jour !
Changer des
pierres en pain. On n'est pas dans le domaine du pêché ici. Jésus
a faim. Il a absolument le capacité de changer des pierres en pain.
Après tout, il est la Parole Créatrice de Dieu, fait chair. Et plus
tard dans son ministère, dans sa compassion il va multiplier du
pain, pour le donner à la foule. Donc, ou est le problème.
Pourquoi ne pas le faire ?
Le raison se
trouve dans sa réponse qui est en fait une citation du livre de
Deutéronome. Il s'agit des consignes de vie données au peuple juste
avant d'entrer dans la terre promise. Moïse les invite à se
souvenir de tous ce qu'ils ont vécu pendant leur temps dans le
désert – difficultés oui, mais aussi de la manière dont Dieu a
pris soin d'eux en leur envoyant le manne.
Jésus est devenu être humain et pour du vrai. Il n'est
pas un espèce de super-ange déguisé en homme. Il est vraiment
être humain, et il a vraiment faim. Si à chaque fois au cours de
son ministère qu'il rencontre un difficulté, un petit problème
technique, il prend un raccourci en arrangeant les choses, comme si
d'un petit coup de baguette magique – il finira par nier son
humanité. Mais il est venu en tant qu'être humain et il est appelé
à suivre son chemin en tant qu'être humain – parole de Dieu oui,
mais fait chair, pour nous. Et donc, comme tout être humain, comme
le peuple sur le seuil de la terre promise, comme nous dans nos vies
de tous les jours, il est appelé à faire confiance en son Père.
Si son Père n'a pas oublié de prévoir aux besoins du peuple dans
le désert, ne fera-t-il pas pareil pour son Fils ? Et pour nous ?
Comme le peuple dans la terre promise, nous vivons avec la tentation
d'oublier notre dépendance sur Dieu, de vivre comme s'il n'existe
pas, de l'oublier. Comme le peuple d’Israël, nous avons besoin de
faire un effort, pour nous souvenir de tous ce que Dieu a fait pour
nous, et pour nous rendre compte de tous ce qu'il fait pour nous,
tous les jours, jusqu'à dans les détails de nos vies.
Leçon numéro
1 donc pour nous – pour vivre en enfants de Dieu, nous avons besion
de lui faire confiance.
Défi numéro
1, Jésus 1, diable 0...
Alors le
diable ajuste son approche:
« Si tu
es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera
pour toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur leurs mains
pour t’éviter de heurter du pied quelque pierre. »
Le diable
essaie de monter les enchères en appuyant son défi avec une
citation biblique. Il s'agit de Ps 91:11,12. (Petit rappelle pour
nous que chacun qui cite les Écritures n'est pas digne de
confiance.) Et à nouveau, ou est le problème ? Faire un geste
si spectaculaire dans un lieu public va attirer l'attention, appuyer
son message – peut-être même permettre à certains de croire qui
n'auront pas cru autrement.
Mais on est à
nouveau dans le domaine du raccourci facile. Quand on lit le psaume
91, on se rend vite compte que le diable a arraché les versets du
contexte : Voici quelques versets de plus :
Ps 91 :1, 2, 9-11 :
Celui
qui habite là où se cache le Très-Haut
passe
la nuit à l’ombre de Shaddaï.
–
Je dis du SEIGNEUR : « Il est mon refuge, ma
forteresse,
mon
Dieu : sur lui je compte ! » –
Oui,
SEIGNEUR, c’est toi mon refuge ! –
Tu
as fait du Très-Haut ta demeure,
il
ne t’arrivera pas de malheur,
aucun
coup ne menacera ta tente,
car
il chargera ses anges
de
te garder en tous tes chemins.
En fait, le
psalmiste appelle à la confiance en Dieu, non pas aux tours de
cirque.
Et puis il y
a un autre résonance ici. C'est la première fois dans son
ministère que Jésus entend ce "jette-toi en bas", mais ce
n'est pas la dernière fois qu'il entendra des mots similaires. 3 ans
après, à la croix les passants vont dire: "sauve-toi toi même
si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix".
Mais ni le
diable, ni les curieux de Jérusalem ont compris la chose le plus
fondamental – la mission de Jésus passe par la croix. C'est parce
qu'il est Fils de Dieu qu'il refuse de descendre, et c'est parce
qu'il est Fils de Dieu qu'il refuse de se jeter du haut du temple au
début de son ministère. Et comme lui, nous ne sommes appelés ni
à la superstition, ni au spectaculaire – mais une la vie fidèle
qui consiste à mettre un pied devant l'autre, tous les jours, en
cherchant à marcher à la suite de notre maître – tout en sachant
que son chemin lui a amené à la croix, et puis au delà.
Enfin, pour
qui il se prend, ce diable qui tente à mettre le Fils de Dieu à
l'épreuve ! Donc son refus est souligné par une autre citation
de Deutéronome 6: "Ne mettez pas le Seigneur votre Dieu à
l'épreuve."
Leçon numéro
2 pour nous – pour vivre en enfants de Dieu, nous avons besoin de
le suivre fidèlement.
Jésus 2,
diable 0
Troisième défi donc :
Du haut d'un
montagne, il voit tous les royaumes du monde avec leur gloire et le
diable lui dit : « Tout cela je te le donnerai, si tu te prosternes
et m’adores. »
« Tout cela
je te le donnerai, »Tous les royaumes du monde, avec leur
gloire. Et à nouveau on peut constater qu'il n'y a pas de mal dans
ce que le diable propose de donner à Jésus. Autorité sur tous les
royaumes du monde. Et en plus on sait que Jésus est venu pour
établir son règne, qui s’étendra un jour au monde tout entier.
Qu'à la fin de sa mission sur terre il va lui même dire « tout
pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. »
Et justement,
le voilà le hic. Tout pouvoir, toute autorité va lui être donné
quand il aura accompli sa mission, et pas avant. Le diable lui
propose donc encore une fois un raccourci – et à une prix
inacceptable « si tu te prosternes et m'adores ». L'idée est
grotesque, et Jésus livre donc son coup de grâce : «
Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Le Seigneur ton Dieu tu
adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »
On est encore
une fois dans le Deutéronome, avec ses avertissements repétés
contre l'adoration des faux dieux. Le diable est nommé comme
Adversaire et l'idée rendre un culte autre qu'à Dieu fermement
rejeté.
Et ce rejet,
nous avons besoin de l'entendre et de l'appliquer nous mêmes. Car
s'il y a un erreur dans lequel les être humains tombent à
répétition, c'est celui de l'adoration des faux dieu. Et au 21ième
siècle il y a bien de faux dieux qui nous entourent : argent,
pouvoir, réussite, efficacité, confort, sécurité... Et toutes ses
choses là vont nous détourner du chemin de Jésus si nous leur
donnons la priorité dans nos vies.
Et puis nous
avons aussi besoin d'entendre ce « Retire-toi, Satan ».
Ce sont les mêmes mots que Jésus va adresse à Pierre quand ce
dernier, choqué par ce que Jésus raconte sur la mort qui l'attend,
lui dit que ce n'est juste pas possible, que cela n'arrivera pas. Et
si Pierre, Pierre qui a vécu plusieurs années à coté de Jésus,
Pierre qui est toujours nommé comme premier parmi les apôtres –
si Pierre peut devenir voix de l'Adversaire – alors, nous aussi
nous n'en sommes pas à l'abri. Et Pierre est devenu porte-parole de
l'adversaire quand il a refusé de comprendre que le chemin vers le
dimanche de la résurrection passe toujours par le vendredi de la
croix.
Troisième
léçon pour nous – gardons nous d'adorer quelqu'un ou quelque
chose d'autre que Dieu. Même pas un tout petit peu, même pas pour
faire avancer les choses plus vite ou plus facilement.
Jésus 3 –
et le diable à quitté le terrain....
Ce qu'il n'a pas compris est que sur ce chemin de vie
sur lequel nous suivons Jésus, il n'y a pas de raccourci. Mais nous
pouvons y avancer, en fixant nos yeux sur Jésus en restant fondé
dans notre identité d'enfant du Dieu vivant et en lui faisant
confiance.
Et puis je
n'ai pas oublié la dernière petit phrase de notre texte :
« et
voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient. »
La nourriture
que Jésus a refusé de créer pendant le premier défi lui est
maintenant envoyé par Dieu. Ce dont nous avons besoin pour avancer
(pas obligatoirement ce que nous voulons, mais ce dont nous avons
besoin) va toujours nous être donnés tout le long de notre chemin,
par notre Père qui nous aime et qui prend soin de nous.
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