Prédication du 22 décembre 2013, à l'Eglise Baptiste de Grenoble-Echirolles
Lecture Luc 1:46b-55
Mon
âme exalte le Seigneur
et
mon esprit s'est rempli d'allégresse
à
cause de Dieu, mon Sauveur,
parce
qu'il a porté son regard sur son humble servante.
Oui,
désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse,
parce
que le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses
Le texte qui nous a
accompagné pendant notre louange est une vraie explosion de joie, et
je nous invite à nous prendre encore un peu de temps ce matin, pour
le recevoir et pour entendre des résonances pour nos vies ici et
maintenant.
Pourtant, ça n’a
pas vraiment commencé dans la joie.
Pour mieux situer
ses paroles, écoutons ensemble l’échange qui avait eu lieu
quelques semaines auparavant entre Marie et un messager surprenant:
<lecture Luc
1 :28-38>
« Sois joyeuse,
toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. »
Mais Mairie n'a pas
su accueillir ces mots avec joie. Elle en a été troublée.
Qu'est-ce que cela
voulait dire, avoir la faveur de Dieu. Elle ? Jeune fille parmi
d'autres, habitante d'une ville sans importance, dans une province
obscure et sous occupation. Comment comprendre « le Seigneur
est avec toi» ?
On dirait qu'elle
est trop perplexe pour se réjouir.
Et puis quand le
messager rentre dans les détails et explique à Marie pourquoi il
est venu, on dirait que ça risque juste d’aggraver les choses. Il
trouve nécessaire de lui dire « sois sans crainte ».
Comme si pour lui prévenir qu’elle aurait besoin de refuser la
peur, de s'armer de courage pour faire face à son avenir. Que dans
les années à venir elle aura besoin de s'appuyer très fort sur ce
fait étonnant : elle a trouvé grâce auprès de Dieu. Car en
général (au temps bibliques comme de nos jours) trouver grâce
auprès de Dieu met fin à toute idée d'une petite vie tranquille et
sans histoire.
Difficile aussi de
détecter de la joie, ni dans sa question pleine de bon sens
« Comment cela se fera-il ?». Et non plus dans son « Que
tout se passe pour moi comme tu me l'as dit. » Acceptation –
certes. Résignation – peut-être. Mais joie ? Je n’en
entends pas.
C'est peut-être
pour cela, que Dieu, dans sa grâce, lui a donné un signe, concret,
visible.
Un autre bébé
miracle. (On dirait que Dieu aime bien cette façon d'agir...)
Et
donc Marie se hâte pour aller voir pour elle même. Et ce n’était
pas un petit voyage. La petite phrase « Marie partit en hâte
pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda »
cache un voyage de plusieurs jours. Voyage étonnant pour une jeune
femme en toute circonstance, et encore plus pour une jeune femme en
début de grossesse. On dirait qu’elle est vraiment motivé d’y
aller !
Ce n’est qu’une
fois arrivée chez Élisabeth, quand elle constate la réalité de la
grossesse de sa cousine, et quand elle entend les paroles
prophétiques d’Elisabeth au sujet de son bébé, qu’il y a cette
explosion de joie.
Mon
âme exalte le Seigneur
et
mon esprit s'est rempli d'allégresse
Peut-être que
jusqu'à ce moment, elle n'arrivait pas à s'approprier la réalité
de cette grossesse. Après tous, même de nos jours, même avec les
testes fiables et les échographies, en générale on a du mal à
vraiment croire qu'on est enceinte. Combien de plus ça a du être
difficile pour Marie. Après tout, les premiers symptômes de la
grosses s’expliquent aussi facilement par autre chose. Surtout
quand on se sait vierge et quand c'est donc absolument impossible
qu'on soit enceinte. Quant à la visite de l’ange – elle aurait
pu la qualifier de rêve.
Mais devant le grand
ventre d'Élisabeth, et en entendant les paroles, inspirées par le
Saint Esprit, qui reconnaissent son fils, le message de l'ange
devient réalité.
Et à partir de ce
moment là, fortifiée par la présence d’Elisabeth, ou l'idée l'a
troublée, la réalité amène la joie. Elle a trouvé faveur auprès
de Dieu. Elle,
jeune-fille sans histoire. Dieu est avec elle.
Et Dieu est avec elle d'une manière absolument extraordinaire et
unique – la Parole de Dieu est fait chaire en elle, dans son
ventre, dans la forme d'un tout petit embryon de quelques cellules.
Je ne sais pas vous,
mais moi chaque année je m’émerveille devant la manière dont
Dieu a décidé d’agir. Je n’arrive pas du tout à saisir ce que
ça voulait dire pour la Parole Créatrice de Dieu d’accepter de
devenir, non pas simplement être humain, mais embryon dans le ventre
d’une femme. De naître quelques mois après en tant que
nourrisson. Ça me rappelle que Dieu ne triche pas. Qu’il est à
notre coté, et qu’il prend notre part. Que quand nous vivons
difficulté, deuil, déception Il les partage parce qu’il les a
aussi vécu – tout comme il partage aussi nos joies.
Décidément, Dieu
est en train de faire une grande chose en
Marie.
Mais il est aussi en
train de faire une grande chose pour
elle. Car à partir de ce moment, Marie reconnait et reçoit sa
participation dans le projet de Dieu comme une bénédiction !
Parce que Dieu n’est pas en train de lui imposer un service dur,
difficile, ingrat qu’elle va accomplir au mieux par devoir, les
dents serrées.
Certes, devenir mère
si jeune risque d’être dur, difficile – et être mère, être
parent a toujours des moments ingrats – mais Marie va vivre cela
dans la joie – porter ce bébé, élever cet enfant vont être
sources de bonheur, signes de bénédiction par Dieu. Et j’ose y
voir une invitation pour nous. Une invitation à vivre les appels du
Seigneur sur nos vies dans cette même allégresse – avec cette
même joie. Accueillir les projets du Seigneur pour nos vies
comme des bénédictions et non pas des corvées. Bien sur, ça ne se
fabrique pas de manière artificielle. Des fois, comme Marie nous
aurions besoin de temps et du soutien de la part des autres pour y
arriver. Des fois quand Dieu nous fait un cadeau, il nous faut du
temps et de l’aide pour enlever le papier, pour nous l’approprier,
et pour en réjouir – mais ça vaut toujours la peine.
Et puis, comme elle
le chante, si Dieu est en train de faire une grande chose pour elle –
il ne le fait pas pour elle toute seule.
En tout premier,
Dieu est en train de faire quelque chose d’énorme pour le peuple
d’Israël :
Dieu
est venu en aide à Israël son serviteur
en
souvenir de sa bonté,
comme
il l'avait dit à nos pères
Dieu est
en train de venir en aide à Israël. De garder les promesses faites
par les prophètes et envoyer le sauveur promis.
Et en plus, le
projet de Dieu ici est encore plus grand que la compréhension de
Marie. Car à travers son fils, Dieu est en train de venir en aide à
tous les peuples, à montrer sa bonté à chacun qui est prêt à le
recevoir. Il est en train de venir dans le monde, pour donner à
chacun qui le reçoit, chacun qui croit en son nom, le pouvoir de
devenir enfant de Dieu. Il est donc en train de faire une grande
chose pour nous.
Nous qui vivons 2000 plus tard mais qui osons affirmer que le
Seigneur est avec nous. Nous qui sommes aussi habité par le Seigneur
non pas de la même manière que Marie bien sûr, mais par son Esprit
qui demeure en nous, qui nous anime, qui nous donne la vie. Nous
aussi donc, nous sommes invités à entendre les paroles de l'ange et
les le recevoir, à nous les approprier:
« Sois
joyeuse toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi »
Nous aussi, nous
avons la faveur de Dieu, nous aussi, nous sommes invités à en
réjouir. Nous aussi nous sommes invités à ouvrir nos yeux et voir
les grandes choses que Dieu est en train de faire en nous, et pour
nous.
Mais pas que pour
nous non plus. La bonté de Dieu n’est pas réservée à quelques
initiés, dignes de son attention. Les grandes choses que font Dieu
sont trop belles, trop importantes, trop magnifiques à être gardées
pour nous-mêmes.
Ce sont de bonne
nouvelles pour le monde entier.
Ceux qui ne sont pas ici ce matin. Ceux qui passent devant notre
bâtiment, qui habite nos voisinages, qui travaillent au même
endroit. Promesse de justice et de paix profonde. Bonnes nouvelles
aussi valable de nos jours qu’au temps de Marie, si seulement le
monde accepte de les entendre, de les accueillir, de reconnaître ce
sauveur qui vient, de manière tellement surprenante, comme petit
bébé. Car :
Sa bonté s’étend
de génération en génération sur ceux qui le craignent.
Il est intervenu
de toute la force de son bras ;
il a dispersé
les hommes à la pensée orgueilleuse ;
il a jeté les
puissants à bas de leurs trônes
et il a élevé
les humbles ;
les affamés, il
les a comblés de biens
et les riches, il
les a renvoyés les mains vides.
Et comme Marie, nous
sommes appelés à participer au projet de Dieu en les annonçant, en
les chantant – en les disant haut et fort à nos contemporains. Car
Jésus est venu pour eux autant que pour nous.
« Sois
joyeuse toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi »
Cette invitation à
la joie et la promesse qui l'accompagne est aussi valable
aujourd'hui, qu'il y a 2 mille ans. Et nous sommes tous invités à
recevoir Jésus. A accueillir sa présence dans nos vies, que ce soit
pour la première ou la millième fois. A croire en son nom, et à
nous accrocher à cette promesse
Cette semaine, donc,
je nous invite à nous approprier les mots de Marie, et à affirmer
comme elle :
le
Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses :
saint
est son Nom.
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